Un conservateur
Qu'est-ce qu'un conservateur ?
Le conservatisme n’est pas une « orthodoxie rigide construite à partir d’un postulat unificateur »2. Les conservateurs ont des sensibilités diverses, voire des divergences, mais ils constituent « une nébuleuse présentant malgré tout une certaine cohérence quant à ses valeurs, à ses projets et à ses combats. »2
« Croyant ou non, le conservateur accorde respect et intérêt aux religions et aux spiritualité. (…) Pour autant, il ne peut évidemment que réprouver des systèmes religieux dont la seule finalité paraît être de dénier toute valeur à l’homme et au monde : des systèmes qui ne constituent au fond qu’une forme paradoxalement moderne du nihilisme. (…) Pour un conservateur, l’idée même de la tabula rasa (…) est forcément déplorable, et condamnable. L’homme se construit dans l’histoire (…) »2
Aussi, le conservateur se méfie-t-il de l’européisme et de la mondialisation. « Précision importante : en soi, le conservateur n’est évidemment pas ‘’opposé’’ à l’Europe, ni même à une certaine évolution confédérale de celle-ci. »2 Le conservatisme défend les appartenances et les souverainetés anciennes contre l’abolition des réalités politiques et des vieilles patries.
« Tandis que certains courants nihilistes considèrent l’homme comme une machine susceptible d’être modifiée sans limite par l’ingénierie biologique, d’autres y voient un animal au même titre que le moucheron ou l’éléphant. »2 Le conservateur se montre particulièrement vigilant au développement de l’intelligence artificiel ou du transhumanisme qui seront certainement la base « des grands systèmes totalitaires de l’avenir. »2 De même, il se montre attentif et prudent à toutes les théories « se réclamant du sacro-saint principe d’égalité »2 ; l’égalitarisme forcené conduisant au totalitarisme comme nous l’a appris Raymond Aron. Enfin, pour le conservateur, l’homme n’est pas un animal comme un autre et lutte contre les ridicules théories antispécistes.
« De façon générale et dans son essence, l’utopie est foncièrement anticonservatrice. »2 Le conservateur est résigné à l’imperfection humaine « qu’il intègre, dans sa vision du monde, comme un paramètre irrémédiable et indépassable. »2 L’utopie a été au XXème siècle « la grande pourvoyeuse des massacres et des génocides »2 (nazisme, communisme, maoïsme, islamisme etc…). Cette utopie (« rêve impossible mais généreux ») conserve un « vrai prestige dans certains milieux de la gauche et ultra-gauche intellectuelles. »2
Le conservatisme n'est pas un traditionnalisme
Les conservateurs ne sont pas des contre-révolutionnaires
Les conservateurs ne sont pas des réactionnaires
Quelques consevateurs
- Jacques Antoine Marie de Cazalès, (1758 – 1805), député de la noblesse aux États généraux de 1789.
- François Dominique de Reynaud, comte de Montlosier, dit Montlosier (1755 – 1838). Ses colères contre les hommes de son propre camp le rendent inclassable et cachent une pensée profonde et innovatrice qui a posé les fondements d'une droite moderne dépassant le cadre strict de la Contre-Révolution.
- Trophime-Gérard, comte de Lally, baron de Tollendal, puis marquis de Lally-Tollendal, dit Lally-Tollendal (1751 – 1830), homme politique et homme de lettres français.
- Pierre-Victor Malouët (1740 – 1814), planteur de sucre de Saint-Domingue et homme politique français.
- Jean-Joseph Mounier (1758 – 1806), avocat et homme politique français. Il est, dès 1788, favorable à un programme constitutionnel d'inspiration anglaise combinant un véto royal, et la souveraineté nationale, en mettant en place une assemblée législative élue par le peuple issu d'un suffrage censitaire.
Les contre-révolutionnaires :
- Le comte Joseph de Maistre (1753 – 1821) homme politique, philosophe, magistrat, historien et écrivain savoyard, sujet du royaume de Sardaigne ; père de la contre-révolution.
- Louis-Ambroise, vicomte de Bonald (1754 – 1840), homme politique, philosophe et essayiste français, grand adversaire de la Révolution française.
- Les légitimistes, partisans favorables au rétablissement de la royauté dans la personne de l’aîné des Capétiens, chef de la maison de Bourbon :
- François-René, vicomte de Chateaubriand (1768 – 1848), écrivain, mémorialiste et homme politique français.
- Les orléanistes, opposants aux légitimistes et favorables à la monarchie dans la lignée de Louis-Philippe (libéral et conservateur) :
- François Guizot (1787 – 1874), historien et homme d'État français.
- Alexis-Henri-Charles Clérel, comte de Tocqueville, dit Alexis de Tocqueville (1805 – 1859), philosophe politique, précurseur de la sociologie et homme politique français.
- Lucien-Anatole Prévost-Paradol (1829 – 1870), journaliste et essayiste français. Son livre, La France nouvelle, fut une référence majeure de l'orléanisme, courant libéral français.
- Le « conservateur par excellence » selon Nisbet1 :
- Pierre Guillaume Frédéric Le Play (1806 – 1882), ingénieur, homme politique et pionnier de la sociologie française.
- Les autres penseurs conservateurs français selon Jean-Philippe Vincent1 ou le site de la Fondation du Pont-Neuf2 :
- Antoine Rivaroli, dit Rivarol (1753 – 1801) écrivain, journaliste, essayiste et pamphlétaire royaliste français.
- Pierre-Paul Royer, dit Royer-Collard (1763 – 1845), homme politique libéral, académicien et philosophe français.
- Honoré de Balzac (1799 – 1850), écrivain, romancier, critique et essayiste français.
- Charles Baudelaire (1821 – 1867), poète français.
- Joseph Ernest Renan (1823 – 1892), écrivain, philologue, philosophe et historien français.
- Hippolyte Taine (1828 – 1893), philosophe et historien français.
- Paul Bourget (1852 – 1935), écrivain et essayiste français.
- Hubert Lyautey (1854 – 1934) militaire français, maréchal de France.
- Daniel Halévy (1872 – 1962), historien et essayiste français.
- Georges Ripert (1880 – 1958), professeur de droit et homme politique français, profondément conservateur.
- Jacques Maritain (1882 – 1973), philosophe français.
- Jean Mallard de La Varende Agis de Saint-Denis, plus connu sous la forme brève Jean de La Varende, (1887 – 1959) écrivain français.
- Georges Bernanos (1888 – 1948), écrivain français.
- Gaston Fessard (1897 – 1978), prêtre jésuite français, résistant, philosophe et théologien.
- Bertrand de Jouvenel (1903 – 1987), écrivain et journaliste français, également juriste, politologue et économiste.
- Michel Villey (1914 – 1988), philosophe français et historien du droit.
- Pierre Boutang (1916 – 1998) philosophe, poète et journaliste politique français2.
- Raoul Girardet (1917 – 2013), historien français2.
- Julien Freund (1921 – 1993), philosophe, sociologue et résistant français.
- Jacques Ellul (1912 – 1994), historien du droit, sociologue et théologien protestant libertaire français.
- Vladimir Volkoff (1932 – 2005), écrivain français d’origine russe2.
- Jean-François Mattéi (1941 – 2014), professeur de philosophie grecque et de philosophie politique2.
- Philippe Muray (1945 – 2006), philosophe, essayiste et romancier français2.
- Stéphane Rials (1951), juriste français et professeur d’université.
A côté des penseurs conservateurs, Jean-François Vincent cite, parmi d’autres, deux figures conservatrices1 :
- André Tardieu (1876 – 1945), homme politique de l’entre-deux-guerres, ancien collaborateur de Clémenceau, plusieurs fois membre du gouvernement. Il illustre combien le conservatisme n’est pas un immobilisme, il estimait que le meilleur du passé ne pouvait survivre que par la réforme.
- Georges Pompidou (1911 – 1974) incarne le conservatisme de toujours. Premier ministre puis Président de la République, il manifesta, comme Tardieu, son intérêt pour les réformes, notamment sociales.
N’oublions pas rappelle la Fondation du Pont-Neuf2 :
- Charles de Gaulle (1890 – 1970) qui, « bien qu’il ne se soit jamais réclamé » du conservatisme « (…) sa volonté de réconcilier la présent de la France avec son passé, [peut être considérée] comme un archétype du conservatisme à la française. »
Le père du conservatisme moderne :
Edmund Burke (1729 – 1797), homme politique et philosophe irlandais, père du conservatisme moderne et penseur libéral, s’il émet « une critique virulente de la Révolution française, (…) [le] fait générateur qui manifeste [son] conservatisme (…) [est] que ladite révolution a troublé, par l’introduction de notions subversives et le principe de la table rase, un ordre des choses, naturel ou non, qui constituait dans la pensée même de Burke la réalité objective du conservatisme. »1
« Par ailleurs, dans beaucoup de pays, le conservatisme politique est très prégnant, sans qu’il y ait eu un choc comparable à la Révolution française (…) »1 :
- Edgar Allan Poe (1809 – 1849), poète, romancier, nouvelliste, critique littéraire, dramaturge et éditeur américain2.
- Jacob Burckhardt (1818 – 1897), historien, historien de l'art, philosophe de l'histoire et de la culture et historiographe suisse.
- John Ruskin (1819 – 1900) écrivain, poète, peintre et critique d'art britannique2.
- Charles-Ferdinand Ramuz (1878 – 1947), écrivain et poète suisse2.
- Monseigneur Clémens August, né comte Von Galen (1878 – 1946), cardinal catholique allemand2.
- Robert Nisbet (1913 – 1996), sociologue conservateur américain.
- Russel Kirk (1918 – 1994), théoricien politique, écrivain, historien, moraliste et critique américain.
- Irving Kristol (1920 – 2009), journaliste, éditeur et intellectuel américain considéré comme le fondateur du néoconservatisme américain.
- William F. Buckley (1925 – 2008), essayiste et journaliste américain, fondateur de National Review3.
« La permanence du conservatisme comme doctrine et comme style est attesté au XXème et au début du XXIème siècle par les écrits de nombreux auteurs »1 et Jean-Philippe Vincent de nommer en plus de Julien Freund, Bertrand de Jouvenel et Robert Nisbet ou encore Daniel Halévy3, Stéphane Rials3, Pierre Boutang3, Philippe Muray3 et Vladimir Volkoff3 cités plus haut :
- Léo Strauss (1899 – 1973), philosophe et historien de la philosophie allemand émigré aux Etats-Unis.
- Eric Voegelin (1901 – 1985), philosophe américain d’origine autrichienne.
- Michael Oakeshott (1901 – 1990), philosophe et historien britannique, spécialiste de la pensée politique.
- Aurel Kolnai (1900 – 1973), philosophe et théoricien conservateur britannique d’origine hongroise.
- Wilhelm Röpke (1899 – 1966), philosophe et économiste allemand, fondateur de l’ordolibéralisme.
- Alexandre Soljenitsyne (1918 – 2008), écrivain russe et dissident au régime soviétique.
- Alasdair MacIntyre (1929), philosophe écossais.
Dans son livre, paru en 1987, sur le mouvement conservateur aux Etats-Unis, John P. West cite 7 personnalités importantes. Outre Russell Kirk, Leo Strauss, Eric Voegelin cités par Jean-Philippe Vincent :
- Ludwig von Mises (1881 – 1973), économiste autrichien naturalisé américain, auteur influent sur l’école autrichienne, défenseur du capitalisme et du libéralisme.
- Richard Weaver (1910 – 1963), universitaire américain.
- Frank S. Meyer (1909 – 1972), philosophe américain.
- Willmoore Kendall (1909 – 1967), écrivain et professeur de philosophie politique.
Et le site de la Fondation du Pont-Neuf de compléter2 :
- Thomas Mann (1875 – 1955), écrivain allemand, prix Nobel de littérature en 1929.
- T. S. Eliot (1888-1965), de son nom complet Thomas Stearns Eliot, poète, dramaturge et critique littéraire américain naturalisé britannique.
- Christopher Lasch (1932 – 1994), historien et sociologue américain, intellectuel et critique social.
Viennent rejoindre la Réacadémie ® de notre site, les conservateurs suivants3 :
- Jacques Julliard (1932), essayiste, historien et journaliste français.
- François d’Orcival, né Amaury de Chaunac-Lanzac (1942), journaliste français.
- Sir Roger Scruton (1944), philosophe anglais.
- Pierre-André Taguieff (1946), politologue français et historien des idées.
- Denis Tillinac (1947), écrivain, éditeur et journaliste français.
- Rémi Brague (1947), philosophe français spécialiste de la philosophie médiévale.
- Chantal Delsol (1947), philosophe et écrivain français.
- Ivan Rioufol (1952), journaliste, éditorialiste et essayiste français.
- Gilles-William Goldnadel (1954), avocat franco-israélien et essayiste.
- Olivier Dard (1953), historien français spécialisé dans l’histoire politique.
- Maxime Tandonnet (1958), essayiste et haut-fonctionnaire français.
- Christophe Boutin (1959), politologue français.
- Bertrand Soubelet (1959), général français puis homme politique.
- Yves de Kerdrel (1962), journaliste économique et politique français.
- Charles Beigbeder (1964), investisseur, entrepreneur et homme politique français.
- Eric Brunet (1964), essayiste et chroniqueur français.
- Frédéric Rouvillois (1964), docteur en droit et essayiste français.
- Barbara Lefebvre (1972), enseignante et essayiste française.
- Guillaume Perrault (1972), journaliste et essayiste français.
- Jean-Philippe Vincent, essayiste et haut-fonctionnaire français.
- Mathieu Bock-Côté (1980), sociologue, essayiste et chroniqueur québécois.
- François-Xavier Bellamy (1985), professeur agrégé de philosophie, essayiste et homme politique français.
- Eugénie Bastié (1991), journaliste et essayiste française.
1.Introduction du livre de Jean-Philippe Vincent, « Qu’est-ce que le conservatisme ? Histoire intellectuelle d’une idée politique » aux éditions Les Belles Lettres.
2.Site de la Fondation du Pont-Neuf et « Le dictionnaire du conservatisme » de C. Boutin, F. Rouvillois et O. Dard aux éditions Le Cerf.
3.Cité par Laurent Sailly sur le site Méchant Réac ! ®.